Cabinet d’Expertise-Comptable et de Commissariat aux Comptes

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A la rencontre de Valentin Garnier, fondateur de MontBigorno

Être proche de nos clients, pour le cabinet Gestion & Stratégies – Auditoria ça veut réellement dire quelque chose. C’est pourquoi, nous vous laissons régulièrement la parole. Aujourd’hui, nous allons à la rencontre de Valentin Garnier, fondateur de MontBigorno.

Gestion & Stratégies Auditoria : Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer votre entreprise et de vous lancer dans la fabrication de jouets en bois ?

Valentin Garnier : J’avais envie de retrouver une forme de liberté à travers mon travail, de ne plus dépendre d’un employeur et de pouvoir créer selon mes propres envies. Cette idée s’est imposée peu à peu au fil de mes expériences en entreprise, notamment comme designer produit car concevoir pour d’autres ne me convenait plus.

Puis il y a eu le Covid, une période compliquée où il était très difficile de trouver un poste. J’ai envoyé 283 candidatures à travers toute l’Europe, parfois pour des emplois qui ne me faisaient pas rêver. Pour continuer à avancer, je me suis mis à mon compte comme designer de services freelance. Cette expérience a été un déclic : elle m’a donné envie d’aller plus loin, de créer mes propres objets, de les faire fabriquer et de les vendre. En résumé, de me concentrer sur la création pure.

Bien sûr, cela signifiait aussi apprendre à gérer tout le reste : l’administratif, la logistique, la communication… un vrai travail d’entrepreneur.

C’est finalement en flânant dans des magasins de jouets que l’idée s’est précisée. J’ai constaté que les jouets en bois n’avaient presque pas évolué depuis des générations, alors que les techniques de fabrication, elles, avaient beaucoup progressé. J’ai eu envie d’apporter un souffle nouveau, de créer un univers à part, fantaisiste et coloré.

Voilà comment est née la marque de jouets évolutifs MontBigorno :  jouet de construction en bois, modulable et inspiré des faunes marine et terrestre. Notre slogan : « Des jouets qui prennent vie ».

G&S A : La fabrication éthique et locale est au cœur de votre démarche : comment cela se traduit concrètement au quotidien ?

VG : Chez MontBigorno, nous travaillons avec des partenaires locaux, tous implantés en France. Par exemple, la tabletterie Bailly Juillard à Montmorot, près de Lons-le-Saunier ou encore la tournerie Monneret, basée à Jeurre, connue pour être le fabricant numéro 1 du cochonnet en France. C’est à eux que nous confions la fabrication de nos perles. Nous collaborons aussi avec l’entreprise Roux, dans les Vosges du Nord qui produit nos tourillons. Produire localement, c’est avant tout rechercher un vrai Made in France, loin du seul assemblage du jouet, et répondre à une attente forte des consommateurs. Acheter un jouet MontBigorno, c’est acheter des jouets à la fois éthiques et durables. Un enjeu important pour moi car je souhaitais que nos jouets puissent aussi devenir objets de décoration. Au démarrage de l’activité, beaucoup m’ont dit que ce serait impossible, que je n’y arriverais pas. Ces retours m’ont conforté dans l’idée qu’il fallait commencer simplement, avec des partenaires proches, dans un rayon de 500 km.

Toutefois, ce travail de recherche de partenaires a aussi révélé certaines limites de ma vision initiale : il faut se rendre compte que le processus de fabrication a peu évolué. En 2025, les machines pour le vernissage restent souvent manuelles, tout comme le ponçage, encore réalisé à la main. Cela pose inévitablement la question de l’automatisation et de la manière dont elle pourrait s’articuler avec une production locale et artisanale.

G&S A : Quels sont les défis auxquels vous faites face en tant qu’entrepreneur ?

VG : Je m’interroge beaucoup sur la notion de « local ». Qu’est-ce que cela veut dire, concrètement ? Et qu’apporte vraiment le « Made in France » lorsqu’on parle d’impact environnemental ? C’est une question d’autant plus pertinente quand on crée son entreprise à Strasbourg, à quelques kilomètres de l’Allemagne. Finalement, un jouet fabriqué en Bretagne, à plus de 1 000 km, est-il plus local qu’un jouet produit juste de l’autre côté de la frontière mais « Made in Germany » ?

Ce sont de grandes questions, que tout créateur finit par se poser. Et il faut y répondre car elles conditionnent la manière dont on avance, dont on construit son modèle et la responsabilité qu’on porte quand on défend un projet indépendant.

Puis il y a la réalité du quotidien : tout gérer seul, l’atelier, la communication, les e-mails… Ce n’est pas un défi à proprement parler, je n’aime pas ce mot mais plutôt un passage obligé, une étape nécessaire.

G&S A : Pour la suite, quelles sont vos envies pour faire évoluer MontBigorno ? 

VG : Notre vision est à la fois simple et ambitieuse : je voudrais que d’ici 10 ans, en 2035, deux fois plus de jouets en bois figurent sur les listes au Père Noël. Pour y parvenir, MontBigorno veut moderniser le jouet en bois. C’est un secteur qui, historiquement, a peu investi en R&D, mais nous prenons le train en marche avec une vision claire. D’abord parce qu’il existe une vraie dynamique autour du jouet en bois : il représentait 7 % du marché français en 2018, contre 10 % en 2023, soit environ 430 millions de chiffre d’affaires. Ensuite, parce que je veux travailler différemment.

Je suis convaincu que l’automatisation n’est pas incompatible avec la créativité et la personnalisation : grâce à l’IA, il serait possible d’automatiser certaines étapes sans avoir à intervenir manuellement pour régler les machines en permanence. Mon ambition est de faire de MontBigorno un pilier du jouet en bois, tout en continuant à créer des univers colorés et originaux. Par exemple, je travaille sur les animaux du jardin comme la sauterelle, le cloporte, la punaise des bois.

En effet, j’ai remarqué que les enfants connaissent mieux les animaux de la savane que ceux qui les entourent au quotidien. Avec une classe de Bischwiller, nous avons commencé à imaginer une collection de 26 jouets en bois inspirés des insectes du jardin. Mon rêve serait de présenter cette collection dans un magasin éphémère, sous la forme d’une vraie boutique-jouet, pour permettre aux enfants et aux familles de vivre l’expérience et de découvrir ces univers, sans le frein lié à l’achat.

G&S A : Question bonus : en cette période de fin d’année, quel jouet de votre collection mériterait, selon vous, une place de choix sur la liste du Père Noël ?

VG : Nous peaufinons notre e-shop, en anticipant la liste du Père Noël 2026 car nous serons prêts à proposer à la vente Hermine et Libullule. Je ne choisis pas entre les deux. D’abord parce que les enfants peuvent les combiner, ce qui me permet d’affirmer mon rôle de créateur dans la société : « penser les jouets d’aujourd’hui pour les créateurs de demain ». Et puis, Hermine et Libullule sont inséparables : elles m’accompagnent depuis le début de l’aventure ! Il m’est donc impossible de les dissocier. Ce sont des compagnes fidèles dans mon univers et elles incarnent parfaitement l’esprit de MontBigorno.

Découvrez prochainement le site de vente en ligne : montbigorno.com

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Crédit photo :  DR.

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