Cabinet d’Expertise-Comptable et de Commissariat aux Comptes

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Rencontre avec Iris Aleluia, co-fondatrice Phénomène Editions.

Être proche de nos clients, pour le cabinet Gestion & Stratégies – Auditoria ça veut réellement dire quelque chose. C’est pourquoi, nous vous laissons régulièrement la parole. Aujourd’hui, nous allons à la rencontre de Iris Aleluia, co-fondatrice avec Eugène Riousse de Phénomène Editions.

Gestion & Stratégies Auditoria : Qu’est-ce qui vous a donné l’élan de créer Phénomène éditions en 2024 ?

Iris Aleluia : Phénomène éditions est née d’une rencontre et d’un long dialogue avec Eugène Riousse, co-fondateur de la maison. Nous nous sommes rencontrés à la HEAR en 2010. Eugène a commencé par l’illustration, il s’est investi dans des projets éditoriaux comme la revue Vignette avant de travailler pour la presse et de publier un album, puis enfin par reprendre des études pour devenir scénariste. De mon côté, je m’intéressais aussi au livre et à sa fabrication. Après la HEAR, j’ai poursuivi mes études à l’ENSP à Arles avant d’effectuer un stage chez Actes Sud qui a confirmé mon envie de devenir éditrice. J’ai poursuivi avec un master professionnel à la Sorbonne avant de travailler à la fondation Cartier, au musée des Arts décoratifs et aujourd’hui aux éditions Delpire.
Au cours de ces dernières années, nous avons souvent réfléchi à ce projet de maison d’édition et à notre ligne éditoriale en s’interrogeant sur la manière de faire des livres et la nécessité pour nous de les faire. Cette réflexion au long cours a finalement trouvé sa réponse, en 2024, avec la création de Phénomène éditions.

G&S A : Vous avez choisi de publier des « beaux livres d’archives visuelles méconnues » : pourquoi ce positionnement et comment trouvez-vous ces trésors oubliés ?

IA : Dès 2023, nous commençons à réfléchir à notre ligne éditoriale. Nous sommes tous les deux fascinés par certaines archives, celles qui témoignent de la manière d’occuper une vie, ce qu’elles racontent d’une obsession, d’une collection, d’un travail régulier et répétitif, en somme d’une recherche jamais achevée.
Nous aimons particulièrement les démarches menées dans les marges, les œuvres oubliées, qui n’ont pas été reconnues du vivant de leurs auteurs. Les dénicher demande du temps et cela n’aboutit pas toujours : plusieurs projets ont été abandonnés mais il faut aussi que leur singularité soit soutenue par de réelles qualités esthétiques. Et puis un jour, nous avons découvert l’œuvre et l’histoire d’André des Gachons qui nous a profondément touchés.

G&S A : En effet, votre premier ouvrage, La Veille du ciel, dévoile les aquarelles météorologiques d’André des Gachons. Qu’est-ce qui vous a touché dans cette œuvre, et pourquoi en faire un livre aujourd’hui ?

IA : C’est en écoutant une conférence de Martine Tabeaud et Xavier Browaeys, au festival d’histoire de l’art de Fontainebleau, en 2023, que nous avons découvert André des Gachons. Ce qui nous a immédiatement frappés, au-delà de la beauté de ses aquarelles, c’est la poésie de sa démarche assidue, méticuleuse et obsessionnelle : tenter de prédire le temps en scrutant et en reproduisant le ciel, jour après jour, pendant près de quarante ans.
Entre 1912 et 1951, André des Gachons envoyait chaque matin ses planches météorologiques au Bureau central météorologique — l’ancêtre de Météo-France. Il y a dans ce geste une forme de dévotion très touchante. Durant la préparation de ce livre, nous avons rencontré le petit-fils d’André des Gachons, ce qui a donné encore plus de sens à notre projet. Sans l’accord de l’ayant droit d’un artiste, un livre ne peut voir le jour (même si dans ce cas précis, l’œuvre d’André des Gachons est aujourd’hui tombée dans le domaine public).

G&S A : Monter une maison d’édition indépendante aujourd’hui, qu’est-ce que cela implique concrètement ?

IA : Beaucoup de choses mais d’abord une réalité : l’équilibre financier est fragile. Produire des livres coûte cher, a fortiori des livres d’art, et cela ne rapporte pas systématiquement de bénéfice dès la première année. Très vite, on a su que notre premier projet aurait besoin d’un soutien. C’est ce qui nous a poussés à lancer une campagne Ulule. Grâce à elle, La Veille du ciel a pu exister : environ 200 exemplaires ont été prévendus. Nous avons aussi récolté des dons. Mais cela représente un travail considérable : il a fallu mobiliser un premier cercle et l’élargir à une plus large communauté, produire une communication soignée avec une charte graphique, des vidéos travaillées, assurer une veille quotidienne pour alimenter la campagne avec des contenus de qualité. Eugène y a consacré un temps considérable.
Nous avons par ailleurs contacté la fondation Antoine de Galbert et le fonds de dotation agnès b qui ont généreusement accepté de contribuer à notre projet. Leur aide a été précieuse car elle nous a aidé à maintenir un prix de vente assez bas de 39 €, ce qui était très important pour nous. Le livre est d’ailleurs aujourd’hui quasiment épuisé et nous cherchons des solutions pour le réimprimer rapidement.

En parallèle, nous avons commencé à travailler sur nos prochains titres. Nous avons un programme sur plusieurs années et nous espérons que nous pourrons publier tous les livres que nous envisageons et dessiner notre catalogue. Nous avons aussi la très grande chance d’être accompagnée depuis le début par notre diffuseur et distributeur Interart qui a grandement contribué à notre réussite en librairie.

G&S A : Quel conseil donneriez-vous à celles et ceux qui rêvent eux aussi de créer leur structure pour porter un projet éditorial ou culturel ?

IA : Le premier conseil, c’est de rester lucide sur la réalité économique. Même si nous travaillons déjà sur notre prochain livre, nous avons tous les deux conservé une activité professionnelle en parallèle. Consacrer 100 % de notre temps à Phénomène éditions serait trop risqué à ce stade, les aléas sont nombreux. Et puis, il ne faut pas sous-estimer l’importance de s’associer. Être deux, avec Eugène, a été déterminant. Cela permet d’échanger et de nourrir notre réflexion. Un projet culturel demande de l’énergie, du temps, de la passion et il se construit mieux à plusieurs.

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Crédit photo :  DR.

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